Ballade des pendus ou Sarabande des sacrifiés ?

Frères humains qui après nous vivez
N'ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, se pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tost de vous merciz.
Vous nous voyez cy attachez cinq, six
Quant de la chair, que trop avons nourrie,
Elle est pieça devoree et pourrie,
Et nous les os, devenons cendre et pouldre.
De nostre mal personne ne s'en rie :
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!

Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir desdain, quoy que fusmes occiz
Par justice. Toutesfois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassiz;
Excusez nous, puis que sommes transis,
Envers le filz de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale fouldre.
Nous sommes mors, ame ne nous harie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!

La pluye nous a débuez et lavez,
Et le soleil desséchez et noirciz:
Pies, corbeaulx nous ont les yeulx cavez
Et arraché la barbe et les sourciz.
Jamais nul temps nous ne sommes assis;
Puis ça, puis la, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charie,
Plus becquetez d'oiseaulx que dez à couldre.
Ne soyez donc de nostre confrarie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!

Prince Jhesus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A luy n'avons que faire ne que souldre.
Hommes, icy n'a point de mocquerie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre.

François Villon

Ballade des pendus ou hymne des sacrifiés sur l'autel de la prospérité des éléphants roses et des bleuets fanés ? Dans la boue des maisons de tolérances élevées en temples ou de la haine promue en religion ? La démagogie dans toutes les sectes laïques a de beaux jours devant elle. La consommation comme finalité et la violence et le mépris comme moyen.

L'ouragan dure depuis trop longtemps pour ne pas jeter aux récifs les coquilles de noix qui cinglaient vers des lendemains incertains. Les insoumis paient de la balle dans le dos la conscience exacerbée du naufrage programmé. C'est la loi universelle de toutes les guerres. Nous sommes des dégâts collatéraux d'un système schizophrène sous Tranxène merdiatique où chacun, hormis quelques rares déjantés comme nous, contemple son image dans la mare vaseuse à l'imitation d'un Narcisse qui en fut tellement aveuglé qu'il en était sourd aux appels de sa dulcinée... Freud s'est planté, ce n'est pas Œdipe votre âme damnée, c'est bien Narcisse et vos guides servent Prométhée qu'ils vous présentent comme le messie tant espéré. Sectateurs du Néant il vous professent la vanité de l'espérance et vous soutiennent que l'Etre n'est que hasard du chaos jailli ex-nihilo du Rien.  Aveuglés vous suivez en bêlant ces maudits bergers agonissant toute autre pensée, les tyrannisants jusque dans sa moindre extériorité. L'esprit de massacre de tout ce qui peut représenter une philosophie hors des sentiers du consumérisme est si bien entretenu qu'il se manifeste contre la moindre entorse à l'uniformité de la pensée. Après on s'étonne du vandalisme. Combien s'indignent lorsque ce n'est pas leur propre symbole qui est visé ? Vous tous qui êtes prêt à faire vomir des enfants, à défaut d'en revenir aux fours d'antan, pour le plus grand profit des marées vertes... Par pur sadisme démagogique et centripète.

Notre tempête à nous, dégât collatéral et conséquence directe de l'autre, dure aussi depuis trop longtemps. Il est temps d'amener les voiles et nous laisser porter là où le vent voudra nous jeter, choses oubliées jetées à la fosse des sans identités.
Au coeur de l'absurdité toute espérance, toute finalité n'est que folie d'un esprit dérangé ainsi que vous le considérez. Nous sommes deux, là, ici, sur ce blog ; mais nous sommes légions semblables dans l'humanité. Ce matin, dans un article d'un journal local j'ai appris qu'un désespéré de 70 ans, qui avait sans doute peiné toute sa vie pour le plus grand profit de la poissonnerie générale n'était qu'un "individu" ainsi qu'il fut qualifié parce qu'il avait rejoint de manière définitive les poissons dans un étang renonçant au confort d'un asile préformaté par les services appointés pour encager les rebuts du système productif qu'on feint de respecter avec des périphrases. Un "individu" comme on aurait dit d'un voleur à la tire par exemple. Heureusement encore qu'il était "français" sinon qu'aurait-il été ?
Le même jour dans un autre journal j'ai appris que les amalgames qui valurent les honneurs à un Charlie Hebdo valait condamnation pour un petit délégué syndical alors même que le second lui, ne visait pas une religion dans son ensemble mais seulement des parjures de celle-ci et sur sa page Facebook en principe privée. Le même jour aussi j'ai découvert qu'on était passible d'amende et prison si on brûle ses propre branchages sur son propre terrain non pas en ville, mais à l'écart de toute habitation. Le problème est d'abord que certain ont plus le droit que d'autres, le problème aussi est qu'on nous inféode au nucléaire en nous interdisant tout brûlot y compris dans sa cheminée dans certaines villes, au prétexte fallacieux d'écologie.
Sous le même prétexte on "combat" le tabac si lucratif pour l'Etat. On ferme une usine de cigarettes à Nantes pour la délocaliser en Pologne... L'honnêteté à tous les étages. Les "syndicats" gueuleront bien sur, mais depuis plus de 50 ans que je les vois gueuler hein ? Où sont nos "Manufrance", draperies, aciéries, horlogeries, etc ? Toutes ces usines et manufactures que j'aprenais à l'école et dont on me demandait d'être fier parce que c'était la France.
Dans cet univers où les poids et les mesures sont falsifiés par ceux là même qui les établissent ; où les condamnations sont à géométrie variable suivant que vous serez puissants ou misérables, où les listes noires occultes vous assignent le sous sol si vous ne pensez pas comme il est obligatoire de penser, nous n'avons pas notre place.
Et nous, pauvre de nous, que serons/deviendrons nous ? A dire vrai on s'en fout. Puisque la vraie finalité, vous ne la connaîtrez jamais. Il est trop tard à notre horloge pour arrêter le gong. Ce n'est pas la "Ballade des pendus", c'est juste la "Sarabande des sacrifiés" !

NDLR : les illustrations sont, pour les deux premières photographiées dans des BD en vente sur Mikael1515 et retouchées (couleurs comprises)  par mes soins, mais vous ne saurez lesquelles qu'en achetant les dites BD pour voir les originaux  et je ne dirai de quelles BD il s'agit que contre un don fait avec le bouton "faire un don" colonne de droite. La situation est trop désespérée pour que je fasse un cadeau à autre chose qu'un crève la faim comme nous. Le Christ est une photo retouchée aussi que j'ai prise dans une église locale. Le reste des créations perso, comme d'hab'.