Tourisme boulevard ultime
Outre la commémoration de mon petit canard (Saturnin) compagnon malheureux d'enfance que j'ai déjà évoqué ailleurs, la Saint Saturnin,c'est notre anniversaire de mariage.Et comme nous ne pouvons rien faire comme tout le monde, nous avions choisi ce jour là pour visiter les vieux cimetières de Niort qui ont un caractère bien particulier. C'est ici la transposition sensiblement revue et écourtée, mais avec plus de photos, d'une parution en 2010 sur un de mes anciens blogs (et plus en ligne). J'avais promis un diaporama du cimetière mais je n'arrive pas à en prendre le temps ; à défaut je vous colle ce papier.
J'ai toujours éprouvé une certaine curiosité envers le patrimoine monumental historique en général, et des cimetières en particulier. C'est un endroit où je me sens en paix, bien souvent, sauf exceptions particulières. Et même si il y a du "paraître" un peu suffisant là dedans, il serait dommage de ne pas y jeter un coup d’œil.
Aussi quand l'Express, dans un tirage local spécial, nous affranchi de l'existence d'une tombe pyramidale au cimetière ancien de Niort, décidâmes nous d'aller y jeter un coup d’œil histoire de satisfaire notre curiosité à divers niveaux de compréhension.
Ceci nous fit marrer comme des petiots fous tous les deux..; visiter une nécropole un jour d'anniversaire de mariage, y'avait que nous pour faire un coup pareil ! Après ce long préambule, je vous invite à me suivre au cimetière . Vous verrez, c'est un patrimoine architectural intéressant.
C'est donc l'évocation de ce tombeau pyramidal par le journal dont j'ai parlé qui éveilla notre curiosité première. Il est celui d'un F.:M.: ; curé défroqué qui prêta « serment de haine contre la royauté » au régime de La Terreur (1793). Je ne prise guère les artisans de haine. Néanmoins je voulais me faire une petite idée. Certains prêtent des propriétés particulières aux pyramides... C'était le moment de se rendre compte sur une à demeure depuis plus de deux siècles.
Je suis un adepte du pendule, quoique je préfère la baguette, mais ici vous comprenez, mieux vaut jouer la discrétion. Mes conclusions ne sont que provisoires, je veux approfondir certaines choses sur cet aspect comme sur l'histoire du personnage. D'autant qu'il n'a pas fait placer ce monument grandiloquent là avec une intention métaphysique mais plutôt, sans doute, comme un pavé à la face du monde.
Il est tout de même comique de remarquer que ce gars qui bouffait du corbeau au petit déjeuner tous les matins et caguait de l’Hostie à chaque courante fit placer en haut de l’édifice une croix chrétienne gravée..
Comme si à la fin de sa vie il avait entrevu autre chose, exprimé là de manière allégorique. Ou bien est-ce là une sorte de conjuration apposée par la descendance ?
Bien plus « maçonnique » est la tombe en face de la sienne par exemple.
Avec cette évocation de Chronos au fronton. Le même que celui gravé sur les piliers du portail du cimetière. Mais tandis que le Chronos de l'entrée a des ailes angéliques, celui-ci, comme d'autres dans ces lieux, porte des ailes de chauve-souris. Ce qui sous-entends une dimension de ténèbres.
Par comparaison avec ceux de l'entrée...
Ce lieu de « repos éternel » (hem) n'abrite pas que des monuments maçonniques et on peut y trouver l'omniprésence chrétienne... Protestante ou catholique. Certains avec une grandiloquence suffisante qui atteste d'une spiritualité de façade où les mortels ont du mal à renoncer aux biens éphémères de ce monde.
J'ai souri devant celle là où le moribond a tenu à faire préciser qu'il était propriétaire ; c'est la seule qualité mentionnée ; il ne doit plus être propriétaire de grand chose à mon avis.
Lui tenait sans doute à ce qu'on lui rende les honneurs jusqu'à la fin de ses jours en tant que lieutenant. Je suis autorisé là aussi à sourire : mon oncle François, commandant qui ne s'est jamais fait autrement appeler que "capitaine" parce qu'il n'avait pas parcouru les restes de l'échelle d'active au feu où il gagna ses galons (14-18 et 39-45), s'est fait enterrer sous une simple dalle de béton avec son nom et son prénom, y'a même pas ses dates. Sa "dernière demeure" est même plus modeste que celle de mon père sur laquelle j'ai tenu à ce que figure une colombe pour un tas de raisons.
On croise des statues remarquables...
Cette autre est touchante sur la tombe d'un enfant... On pense tout de suite à la longue douleur des proches...
Les cimetières sont des outils d'étude sociales profondément révélateurs de la société locale mais aussi du caractère des hommes et de leurs illusions ou au contraire de leur détachement. Telle tombe sans apprêt et ordinaire cache un(e) représentante de la vieille noblesse qui fit la France. Je pense aussi à cet instant à celles toutes simples des comtes d'Olbreuse, un petit village du département, qui ont une grand-mère des rois d'Europe en leur sein. Je pense aussi à celle du père de notre maire actuel, une des plus simples, beaucoup plus que de gens moins aisés, et qui pourtant joua un rôle considérable dans la ville et la région.
Il y a ceux qui qui se font dresser de vrai mausolées.
Souvent oubliés des familles et à l'abandon, nombres s'étiolent doucement. Ce qui, d'un point de vue patrimonial est tout de même dommage. Un peu comme quand on laisse détruire une église ou un château. Il n'y a pas que le père Lachaise qui présente un intérêt historique.
Certains caveaux sont nantis de remarquables vitraux qui valent bien ceux de nos églises...
D'autres s'ornent de portes ouvragées qui invitent presque à entrer et s'installer comme dans une vieille demeure sans âge...
Une simple plaque, le long d'un mur, rappelle au travers un nom tristement prédestiné, un épisode de notre Histoire sur lequel il y a beaucoup à méditer.
Il y a ceux qui, peut-être athées, ou effrayés à l'idée de la décomposition d'un corps aux quels ils s'identifient, tiennent à manifester au monde qu'ils se sont fait incinérer...
Il y a les amoureux de la paix, à moins que ce ne fusse une évocation du Saint Esprit auquel ils aspirent...
Et la beauté naturelle omniprésente...
Il y a encore tant d'autres choses. Je ne crois pas qu'un album de 200 photos y suffirait. Il faudrait y consacrer un livre, et préserver ces deux bijoux du patrimoine que sont nos deux vieux cimetières. Ils peuvent aussi constituer l'amiorce de réflexions profondes sur le sens de notre vie, et la réalité sociale à travers les époques.