Noyeux Joël ? Noyaux Joël ? Joyaux Noël ?
Après la guerre froide agonisante un réchauffement relatif des rapports Est-Ouest provoquèrent une fonte accélérée de la banquise qui se changeant en patinoire après la ruée vers le nouvel Eldorado plein de promesses en dividendes et croissance, on vit déraper les rennes sur la gadoue et se fouler les pattes.
Un glissement significatif s'accéléra dans la matière grise des fils du couchant hallucinés par les incontestables progrès qu'offrait leur désindustrialisation institutionnelle pourvoyeuse de cols blancs en séries préformatées et de lutins asservis dans les manufactures du levant.
Noël devint ce que les artisans de la déliquescence appelait de leurs vœux et on oublia le pauvre bougre né parmi les classes laborieuses quelque part dans le croissant fertile des lustres plus tôt. Ses derniers laudateurs se travestirent en apologistes du prophète Freud, par crainte de la vindicte voire de la camisole chimique. On ne dit plus "Que le seigneur te bénisse" mais laïquement et sobrement "Que ta banque te fasse crédit".
Libérée à jamais de toute référence métaphysique l'exaltation de la naissance de la Vie et de la Lumière devint le sacrifice de millions de vies sur l'autel rédempteur de la Bourse.
Au nom du profit, des OGM, du nucléaire, des enfants esclaves, victimes d'épidémies, déracinés ou qui meurent sous les bombes, sur des mines ou dans des camps, joyeuses fêtes laïques d'hiver aux athées comme aux croyants du bout des lèvres.
Aux autres, Joyeux Noël puisque ça existe encore dans le cœur de quelques âmes égarées dans leurs relents de naphtaline, nostalgiques d'une innocence perdue.