Noël maudit
Il y a là-bas, dans le Connecticut une ville où Noël aura un goût de fin du monde. Il y a là-bas des petits enfants pour qui le monde s'est arrêté. Je n'ai pas bien suivi l'affaire, j'ai eu du mal à réaliser, et puis j'ai compris que quelqu'un avait pété les plombs encore une fois, que des familles allaient vivre un Noël maudit. Est-ce la détention d'arme qui est vraiment en cause ? Ou davantage cette perte générale de repères qu'on refuse de voir ? Parce que j'ai connu des tas de gens armés qui n'ont jamais tué personne. Ce qui frappe ce n'est pas le coté criminel mais la folie rageuse qui saisit des êtres qui se livrent alors à des actes dignes d'Oradour sur Glane. Le pire est en l'homme. Nous sommes ici consternés avec raison. Néanmoins il est partout dans le monde des petits enfants qui meurent assassinés par la faim et le froid, la maladie, par la guerre, par les mines anti-personnel "oubliées", ou finissent ainsi mutilés, quand ce n'est pas par les bombes qui tombent du ciel en lieu et place des cadeaux du père-Noël. Nombre de ces causes n'ont d'autres sources que la folie de gens sains et bien sous tous rapports. Ils ne seront pas condamnés, eux, ni même blamés. A l'occasion vous leur donnerez licence et on leur décernera de prestigieuses récompenses. On nous monte en épingle un fait dramatique, bouleversant, parce qu'on voudrait bien désarmer le peuple américain qui risque de se révolter contre l'ordre en place. Pour mettre en place quelle aventure hasardeuse ? Quelle dictature pire que l'état actuel des choses ? Comme toutes les révolutions. En même temps, avec l'insécurité permanente, les bandits seront toujours armés, eux, et les braves gens désarmés n'ont qu'à subir leur loi. La police arrive toujours trop tard. C'est pourquoi je ne crois pas qu'il faille réagir systémaqtiquement au fait divers par des mesures hâtives. Il conviendrait davantage de s'interroger sur les bases et les valeurs qui meuvent les consciences et notre monde.
Toutes mes condoléances et sentiments de compassion vont aux familles dûrement éprouvées. Mais partout dans le monde il y a des martyrs, des petits enfants qui n'auront pas de Noël.
Noël a un goût de fiel.
Je crains hélas qu'on n'en reste pas là dans les jours (semaines ?) à venir.
Il y a bien une odeur de fin du monde dans le vent qui souffle sur la Terre souillée par des valeurs dévoyées, une pensée délitée...
Nos yeux aveugles ne savent plus voir la lumière et nos coeurs s'en imprégner. Quel secours pour l'âme emprisonnée qui réduit sa conscience aux seules satisfactions physiologiques ? Il ne reste que les cendres de la consternation, impuissante devant la société avec laquelle elle a communiée.
Noël maudit au goût amer.